Née le 27 août 1941 à Mindelo, sur l’île de São Vicente au Cap-Vert, Cesária Évora grandit dans un environnement modeste. Sa famille était nombreuse : son père, Justino da Cruz Évora, était musicien amateur (violon, guitare, cavaquinho), mais il meurt alors que Cesária a à peine sept ans.
À l’âge de dix ans, elle est placée dans un orphelinat faute de moyens suffisants pour la famille. Très jeune, elle découvre la musique en chantant dans des cabarets de marins ou dans des bars à Mindelo, accompagnée de musiciens locaux, investie dans le genre traditionnel de la morna et de la coladeira. Cette enfance marquée par la pauvreté et la musique façonnera son style : mélancolique, empreint de « sodade » (la nostalgie cap-verdienne), mais aussi d’une voix riche et unique.
Bien qu’elle commence à chanter dès son adolescence, sa carrière comporte des zones d’ombre. Elle travaille dans les années 60 comme chanteuse sur des navires de croisière s’amarrant à Mindelo et sur les scènes locales.
Dans les années 70, après l’indépendance du Cap-Vert, elle traverse une période difficile : les revenus se font rares, elle s’éloigne un temps de la scène et lutte contre l’alcoolisme. Le tournant arrive en 1985, lorsqu’elle est invitée à se produire au Portugal puis repérée par le producteur français José da Silva. Grâce à lui, elle enregistre son premier album international, La Diva aux Pieds Nus, en 1988. Ce qui était jusqu’alors un trésor culturel cap-verdien se transforme en voix d’envergure mondiale.
Le succès international de Cesária Évora explose dans les années 90 : l’album Miss Perfumado (1992) en est un jalon majeur, avec sa chanson emblématique « Sodade ». Elle est désormais surnommée « la Diva aux pieds nus » (car elle se produisait souvent sans chaussures, en hommage aux gens modestes) et « la Reine de la morna ».
En 2004, elle reçoit le prestigieux Grammy Award du meilleur album de world music contemporaine pour Voz d’Amor. À travers ses tournées en Europe, aux Amériques, en Afrique, elle devient une icône : non seulement pour la culture cap-verdienne, mais pour la musique du monde tout entière.
Son registre musical gravitait autour de la morna, ce genre cap-verdien mélancolique, proche du fado, du blues et du jazz, mais aussi de la coladeira, version plus rythmée. Sa voix basse, chaude, chargée d’émotion, accompagnée de guitares, cavaquinho ou piano, transporte l’auditeur dans un monde de nostalgie, d’amour, de départs et de retours.
En 2010, Cesária Évora subit une opération à cœur ouvert et annule ses concerts pour raisons de santé.
Elle met fin à sa carrière en septembre 2011 et décède le 17 décembre 2011 à Mindelo, à l’âge de 70 ans, des suites d’une insuffisance respiratoire et d’une hypertension.
Au Cap-Vert, son souvenir perdure : l’aéroport de Mindelo porte son nom, et son image figure sur des timbres et billets.

